Vanessa Paradis c'est l'enfer !!!

 

 


Tu demandais hier, mon avis sur le bonheur. L'air de rien voilà que tu t'inquiètes ; la paix te ferait donc peur. Je l'attise cet amour. Les brindilles volètent. Tu n'y vois que du feu. C'est sa vie secrète. Pourtant... pourtant... pourtant...

 

La fille sur le pont Interviews

Une interview exclusive de Vanessa pour la promo du film au Japon :

(Cette interview figure sur le DVD Japonais de La fille sur le pont.)

1- Comment s'est passé le tournage de La fille sur le pont

2- Comment définiriez-vous le personnage d'Adèle ?

3- Avez-vous un souvenir sur le tournage à nous raconter ?

4- Que représentent Gabord et Adèle l'un pour l 'autre ? 

5- Qui a eu l'idée du film ?

6- La fille sur le pont :rêve ou réalité ?

7- Avez-vous participé au choix des costumes ?

8- Invitation au film par Vanessa.....

 

Vanessa Paradis

Le tournage de La Fille sur le pont s'est il déroulé dans des circonstances exceptionnelles?

Vanessa : Oui, c'était un tournage idyllique, magnifique à vivre. Les derniers films que j'avais faits étaient de gros tournages, avec beaucoup de moyens. Là, nous étions vingt ou trente personnes sur le plateau autour d'un scénario que tout le monde adorait, avec des dialogues à tomber par terre. Tout le travail a été consacré à la mise en scène, au jeu des acteurs et ne s'est pas perdu dans des heures de préparation, de répétitions ou de mises  en place. Au lieu de passer trois jours sur une scène, on passait une journée sur deux scènes. L'équipe était soudée, sur le même longueur d'onde, chacun s'intéressait au travail de l'autre. Il n'y avait pas vraiment de frontières entre les ensembles de techniciens, ceux qui font la lumière, la machinerie... Tous s'entraidaient. D'ailleurs, cette espèce d'énergie transparaît dans le film.

Quelle a été votre première impression à la lecture du scénario?

Vanessa : Je me suis installée chez moi. J'ai ouvert le scénario et j'ai lu le scénario en une heure un quart, sans respirer, sans me rendre compte que le téléphone pouvait sonner, qu'autour de moi la lumière baissait, la nuit avançait... J'ai terminé en disant : "Oh, tout de suite, tout de suite!" Cette histoire m'a touché comme un couteau dans le ventre... c'est le cas de le dire ! Avec elle, on a envie de se faire poignarder encore une fois, et encore des tas de fois. C'était tellement beau : le rôle, l'histoire, les dialogues - et tellement vrai. Cela correspondait à mon univers, à mon état d'esprit. J'étais d'autant plus en accord avec ce scénario qu'il est arrivé longtemps avant le tournage : j'ai donc eu le temps de vivre avec lui, même si je ne suis pas du genre à apprendre mes phrases par coeur, à me les jouer devant la glace ou à me les réciter. car j'aime lire et relire, m'imaginer à quoi cela va ressembler et quel mouvement je vais faire à tel ou tel moment.

Vous aviez envie de changer votre manière d'interpréter ?

Vanessa : Oui, à travers le rôle d'Adèle, je souhaitais faire quelque chose de différent. Quand je regardais les films que j'avais fait, j'avais la sensation d'être presque toujours le même personnage qui parle sur le même ton, avec le même rythme, la même violence, la même tendresse... Avec la fille sur le pont, j'ai essayé de gommer celle que j'avais été pour me changer en un personnage loin de tout ce que j'avais interprété. Certes, il y a beaucoup de choses naturelles qui ont repris le dessus. Quelquefois par exemple, si je me regarde, je me retrouve un peu comme je suis dans la vie. Mais, à travers ma façon de parler, de placer mes mains ou de marcher, j'ai essayé de contrôler mon interprétation pour avoir vraiment l'air de quelqu'un d'autre.

Sur le tournage, quelle a été votre part d'improvisation ?

Vanessa : Il y avait une foule de choses que j'avais imaginées avant le tournage. Mais, au moment de les tourner, cela s'est carrément transformé. Il y avait des scènes que je n'avais pas du tout prévues. Celle où j'essaye des vêtements, par exemple : je ne savais absolument pas ce que j'allais faire... Ou, après la première scène de couteaux sur scène, lorsque je dis à Gabor : "Ca vous a plu ?" et qu'il me réponds : "Evidemment". Je me suis moquée de lui en répétant : "Evidemment ! ". Ce n'était pas prévu, j'ai fait une espèce de grimace en levant les yeux au ciel... Patrice, lui, était tout sourire. C'était la première prise et c'est celle qu'il a gardée. Voilà, ce sont juste de petites ponctuations de ce genre qui me sont venues instinctivement.

De petites ponctuations, mais aussi des moments de grâce, comme le monologue ouvrant le film.

Vanessa : un monologue de huit pages et de 6 minutes 30 ! Quelle responsabilité ! Je me suis dit : "Ma fille, si tu es mauvaise, il y en a qui vont partir de la salle !" une énorme pression pesait sur mes épaules. J'avais peur de ne pas me souvenir du texte. En plus, cette scène était prévue la première semaine de tournage, c'est-à-dire au bout de 3 jours. Là, j'ai dit : "Non. S'il vous plait, laissez-moi une semaine au moins... pour me poser dans les chaussures d'Adèle et pour ne pas avoir peur de vous, ni de la caméra, ni de moi." Nous avons quand même tourné cette scène très tôt : le 3ème jour de la 2ème semaine. C'était énorme : cette fille qui raconte tellement de malheurs, si vous la jouez nian-nian, le spectateur aura envie de lui mettre des claques ! Cette fille, si elle continue à subir tous ces malheurs, à se faire avoir, on pensera qu'elle est vraiment conne. Mais elle n'est ni conne, ni naïve. C'est quelqu'un de très pur, de très beau, comme un tout jeune enfant, puisque les enfants perdent très vitre leur innocence. Comme un enfant de 4 ou 5 ans qui prends goût à tout, qui s'ouvre à tout. Il fallait donc que cette fille raconte son histoire sans faire pleurer dans les chaumières, sans agacer... Le jour du tournage, je suis restée dans ma loge. Je me suis fait maquillée et je suis restée toute seule. J'écoutais Neil Young. Je n'ai pas essayer de sacraliser la chose pour que cela soit le plus naturel possible, mais je souhaitais me concentrer. Je suis arrivée sur le plateau. Il n'y avait pas un bruit. Ce n'était pas froid, ce n'était pas pesant. Je n'ai pas croisé beaucoup de regards mais ceux que j'ai croisés étaient si généreux... J'étais très touchée par leur respect, cela me fait monter les larmes aux yeux quand j'y pense. Je me suis installée. Il y avait deux caméras. Patrick était à celle qui était en face de moi. Il y en avait une autre de profil, puis on a réglé la lumière, retouches maquillages, et je l'ai faite. Six minutes trente, c'est long, très long. J'ai eu l'impression que tout le monde avait retenu sa respiration et surtout Patrice, derrière sa caméra. Cela lui avait plu... Moi, j'avais vraiment vécu. Elle m'a fait pleurer cette scène. J'étais vraiment dedans. On a fait deux prises. La deuxième était forcément plus jouée, parce que j'ai essayé de jouer autre chose et c'était moins naturel, moins touchant. On a donc gardé la première.

Vous avez préféré le cinéma à la chanson.

Vanessa: Depuis mes quatorze ans, cela n'a pas arrêté. il faut distinguer deux choses: la musique et son business qui n'est pas toujours agréable. C'est plutôt féroce, plutôt éprouvant et j'ai préféré etre actrice parce que , pour moi, faire du cinéma, (je sais que j'ai choqué beaucoup d'acteurs en disant cela), c'est des vacances. Bien sur, je ne parle pas de la performance d'acteur. Mais la vie d'un acteur sur un tournage, c'est tellement.. oui, facile, vous êtes pris en charge. Vous connaissez votre texte? Pas d'oeil au beurre noir? C'est tout ce qu'on vous demande. la difficulté, c'est d'etre un peu meilleur que ce qu'on espère. Mais la vie d'un acteur est sans pression.

Après sept ans pourtant, vous retournez à la chanson.

Vanessa:  Même si je ne suis pas forcément folle de ma voix et de la façon dont je chante, chanter reste pour moi quelque chose de magique. la musique, c'est beaucoup plus fort que le cinéma. c'est quelque chose d'impalpable, d'inexplicable, qu'on partage beaucoup plus qu'avec une équipe de cinéma : ce n'est pas la même langue. C'est quelque chose que j'aime, que j'ai en moi... Mais il a fallu que je prenne du recul. J'ai pris une énorme réserve de bonheur en tournant La fille sur le pont... J'ai toujours était difficile, même si je me suis trompée, dans le choix de mes films. Après La fille sur le pont, cela va être très difficile... J'ai la chance, puisque je fais de la musique, de ne pas tourner deux ou trois films par an. J'essaye de ne jouer que des films qui me tiennent à coeur.; en me trompant comme tout le monde. A présent, j'ai besoin de faire de la musique, de la faire très différemment. Avant, j'étais simplement interprète. je me suis très impliquée aujourd'hui dans ce que je fais et mon prochain album est très personnel, comme cela n'a jamais été le cas.

Est-ce pour bientôt?

Vanessa:  C'est plus long qu'un film. Je suis en train de le faire en ce moment, je pense que l'album sortira au mois de septembre. Il y aura certainement un "single", comme on dit, avant l'été.

 

propos recueillis par Bertrand Levergeois.

 

Patrice Leconte

Est ce que c'est ce personnage d'Adèle qui vous fait penser à Vanessa Paradis ou est ce que vous aviez l'intention, même vague, de réécrire pour elle?

P Leconte: Je sais qu'au tout début du début, en partageant avec Serge Frydman le même amour des acteurs, on s'était dit que ce serait bien d'écrire un film pour Vanessa Paradis et Jean-Pierre Marielle. On les adore tous les deux et puis, d'une certaine manière, ils ont quelque chose d'antinomique, ils n'ont pas le même univers. les réunir, les faire se télescoper, cela nous plaisait. Comment allaient-ils se rencontrer, comment allaient-ils se télescoper, nous n'en savions rien. Mais nous avions écrit le film pour elle et pour Marielle. Nous avons fait une chose assez amusante et plutôt atypique : Serge a écrit les vingt-cinq premières pages du scénario, sans rien dire à personne. Nous avons fait cela dans notre coin. Et nous les avons fait lire à Vanessa, d'une part, et à Jean-Pierre d'autre part, en leur disant "On est en train d'écrire ça pour vous. Quelle impression cela vous fait? Est-ce que vous avez envie de lire les cent-vingt pages qui restent ou est-ce que cela ne vous excite pas?" Il se trouve que l'un comme l'autre ont été emballés par ce début de film et qu'ils n'avaient qu'une envie, c'est de lire la suite. Cela nous a donné des ailes pour continuer à travailler dans cette direction... jusqu'au jour ou, le scénario terminé, alors même qu'on commençait à avancer sur la préparation du film, Jean-Pierre s'est désisté en me disant : "Non, j'ai réfléchi. Je crois que ce n'est pas pour moi. Si je le fais, ce n'est pas bien pour votre film." Enfin, il m'a avoué :"excusez-moi mais je ne ferai pas ce film.. je ne veux pas être un "vieux" dans la carrière da Vanessa", ce qui sous-entendait : "je ne veux pas être un vieux de plus".

Quel extraordinaire monologue au début...

P Leconte :  Oui, Vanessa est quelqu'un qui travaille beaucoup. Elle ne veut avoir aucun problème de mémoire sur un tournage, et je l'ai constaté avec les deux films que nous avons fait ensemble. non seulement dès le premier jour de tournage elle connaît tout son texte par coeur, mais souvent elle connaît également le texte de ses partenaires, ce qui est insensé.. Mais c'est une travailleuse, elle veut avoir le texte en elle pour être débarrassée d'éventuels trous de mémoire. et quand elle m'a dit, pour le première scène que nous n'avons pas tourné le premier jour : " Evidemment, j'aimerais la tourner d'une traite : est-ce qu'il y a des chargeurs de pellicule assez grands pour qu'on ne découpe pas?" Je lui ai dit : "oui, bien sur." La connaissant, je lui ai dit : "C'est un cadeau que tu me fais. Bien sur, on le fait d'une traite." Sur le tournage, ce jour là, nous avons tous été très concentrés parce que, pour elle qui ouvrait le film et qui n'avait pas le droit à l'erreur, pour elle qui allait être toute seule à l'image pendant six minutes trente, je sentais qu'elle ne devait pas seulement bonne mais formidable! Elle était concentrée. Pas préoccupée. Le plateau était donc très calme. Elle est arrivée sur le plateau, toutes les lumières étaient prêtes, elle n'avait plus qu'à s'asseoir et jouer. Elle était très impressionnée par ce coté un peu doux qu'il y avait sur le tournage. Et puis elle a tout donné : moi, puisque je cadre, j'étais là à la regarder et j'avais des frissons. J'avais les larmes aux yeux. Je me suis dit : "Mais qu'est ce qu'elle donne! c'est incroyable. ça me touche alors que je connais le texte par coeur."A la fin, quand elle répond à la question : Mais qu'est-ce que vous attendez Adèle?et qu'elle dit : "Qu'il m'arrive quelque chose", parce qu'elle y croit encore, eh bien j'étais ratiné d'émotion ! On a laissé un peu sur son regard. J'ai dit : "coupez". Je suis allé l'embrasser en lui disant : "On arrête. Qu'est-ce qu'on ferait d'une deuxième prise ?"